Entre îles paradisiaques, excursions en plein désert ou visite des monuments les plus connus, les destinations touristiques ne manquent pas d’attirer les touristes venus du monde entier.
D’ailleurs, 95% des touristes mondiaux visiteraient moins de 5% des terres émergées. À l’échelle de la France, c’est 80% de l’activité touristique qui se concentre sur 20% du territoire. Les populations locales et les territoires concernés se retrouvent ainsi submergés par des vagues de touristes. Et les conséquences écologiques du tourisme moderne sont alarmantes. Il est donc temps de repenser notre rapport au voyage. Mais alors, comment peut-on encore voyager aujourd’hui tout en préservant l’environnement ?
État des lieux du tourisme moderne : le tourisme de masse
Aujourd’hui, l’industrie du tourisme fait partie des secteurs économiques les plus polluants : il est à l’origine de 11% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Ces émissions sont principalement générées par l’ensemble des achats des touristes sur leurs lieux de vacances (nourriture, hébergement, achats compulsifs). Mais pas que !
En effet, c’est aux transports que revient la palme des émissions les plus importantes : ils représentent 69% des émission du secteur, dont 29% directement issues des vols en avion. Et les effets dévastateurs de ce tourisme de masse sont de plus en plus visibles. À Venise, par exemple, de véritables paquebots s’engouffrent dans les canaux vénitiens et polluent biologiquement et visuellement la ville.


Le tourisme de masse devient ainsi une menace à plusieurs échelles, aussi bien pour l’environnement que pour les habitants locaux. Il est à l’origine de dégradations et d’atteintes à la biodiversité.
Pour autant, il existe des alternatives, qu’on vous propose de découvrir dans la suite de cet article. Parce que si vous aimez voyager, vous ne devriez pas avoir à vous en priver, à condition de prendre en compte les enjeux que cela soulève.
Le tourisme responsable : alternative au tourisme de masse
Selon l’Organisation mondiale du tourisme, le tourisme responsable est « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil ».
La question à se poser maintenant est : comment voyager sans détruire ?
L’essentiel ici est de parvenir à trouver un équilibre entre les distances parcourues, les moyens de transports pour se rendre sur place, la durée du séjour, la fréquence de départ en voyage, etc.
Vous pouvez commencer par calculer vos émissions de CO2e grâce au site de l’ADEME : c’est un bon moyen pour se rendre compte de ce qui a le plus d’impact dans nos voyages.
Et c’est sans surprise… les transports.
Pour réduire cet impact, il est indispensable de repenser collectivement notre rapport au voyage, en privilégiant des destinations proches (France et Europe) et des mobilités plus douces (trains, vélo, autostop…). Les paysages français regorgent de beauté et d’unicité ! Alors, avant de partir au bout du monde, visitez déjà les recoins proches de chez vous. 😉

Si vous souhaitez tout de même choisir une destination lointaine (hors Europe), le mieux est d’envisager de partir sur des durées plus longues (plusieurs semaines à plusieurs mois) et de façon plus espacée (tous les 5ans, par exemple) .
Et pourquoi ne pas faire du voyage une aventure ? Tentez l’aventure à vélo, ou même à pied, peut être une façon de découvrir le voyage autrement, et à moindre coût (écologique comme économique).
Voici quelques astuces et bons plans pour vous aider à planifier votre voyage de manière plus responsable :
- En matière de transports, vous pouvez vous tourner vers des organismes comme Hourrail, Mollow, Interrail, Flixbus… qui permettent de voyager en bus ou en train à travers la France et l’Europe, en vous proposant des itinéraires adaptés en fonction des besoins.
- L’application Komoot permet de planifier des itinéraires en fonction de votre façon de vous déplacer (cyclisme de route, de montagne, marche, course etc…) et hors connexion
- Du côté des hébergements, il existe de nombreuses initiatives et idées pour trouver un logement plus responsable et insolite : les cabanes en forêt, les refuges, le camping… We Go Greenr répertorie sur son site les hébergements engagés et dans lesquels les hôtes partagent leurs savoir-faire et connaissances locales.
Slow tourisme, couchsurfing, staycation… : ces nouvelles pratiques qui réinventent le voyage
Il existe plusieurs types de voyages alternatifs, qui vous permettent de redécouvrir le territoire sur lequel vous habitez en respectant l’environnement. En voici quelques exemples.
Le slow tourisme est un concept qui renvoie à la redécouverte de son territoire, de ses habitants et de ses pratiques. L’aspect écologique y est central, mais pas que ! C’est aussi un tourisme de la lenteur, qui permet de prendre son temps.
Ses quatre clés sont :
- l’expérience (choix d’activités qui permettent de découvrir le territoire à travers des rencontres et échanges avec les habitants),
- le temps (choix de temporalités plus lentes et plus riches, voyage moins précipité),
- les mobilités bas carbone (privilégier des transports collectifs et doux pour se rendre à destination et pour se déplacer sur place)
- la protection des patrimoines (activités liées à la protection des patrimoines matériels et immatériels tels la cuisine, le savoir-faire…)

La microaventure est une excursion en plein air, de courte durée et réalisable par toutes et tous, à proximité de chez soi. Elle permet à chacun de choisir le lieu, la durée et l’étendue de son expérience. L’idée, c’est de réaliser une aventure mais de façon abordable et sans quitter sa région de vie : peu ou pas d’équipement spécialisé nécessité, des frais de déplacement minimes, voire inexistants, et seules quelques provisions sont à prévoir. Les microaventures sont appréciées des personnes occupées par leur travail et/ou leur famille. Elles permettent notamment de se reconnecter avec la nature locale, à travers des balades à vélo, des randonnées ou encore du kayak.
Un exemple de microaventure : le Colorado provençal. Le colorado provençal, situé dans le Vaucluse, est en réalité un ancien site industriel où on extrayait l’ocre, exploité du XVIIe siècle jusqu’en 1992 (où le dernier ocrier à fermer). Il fait maintenant la joie des randonneurs, notamment grâce au passage du GR 6 (la grande randonnée 6, randonnée de 1348 km qui relie Arcachon aux Alpes-de-Haute-Provence) sur le site.

Le staycation, contraction de stay (rester) et vacation (vacances), a pour but de redécouvrir les patrimoines en voyageant chez soi. Musées, expositions, cafés, visites guidées… Le staycation est une bonne manière de jeter un œil nouveau sur son environnement quotidien. On peut penser par exemple aux escapades gourmandes ou aux jeux de piste qui se font dans la métropole.
L’association lyonnaise On The Green Road organise par exemple des voyages, qui permettent de se réapproprier les lieux du département le temps de quelques heures, d’une journée ou d’un week-end.
Pensez aussi au couchsurfing, qui est une manière de voyager en logeant gratuitement chez l’habitant, souvent sur un canapé ou un lit d’appoint. En échange, on partage des moments, des discussions, parfois un repas. Cette forme de tourisme (plus une aventure que du tourisme en réalité) est fondée sur l’entraide, la confiance et la découverte d’autres cultures.
Nous l’avons vu, les pratiques actuelles qui s’inscrivent dans la dynamique de la société de surconsommation ont un coût écologique et social non négligeable, et les dégradations et atteintes à la biosphère liées au tourisme de masse sont inquiétantes. Il est aujourd’hui nécessaire de repenser le voyage et le tourisme sous des formes plus durables et plus respectueuses. Parce que voyager c’est aussi (re)découvrir sa ville, sa région ou son pays le temps d’un week-end, sans avoir besoin d’aller à l’autre bout du monde pour en apprendre beaucoup sur les autres et sur soi-même.
Et vous, quelle sera votre prochaine destination ?
